"je suis tout ouïe ma cocotte !" ...
J'étais partie cet après-midi dans un endroit que je connais bien, le site du Graoux à Belin-Beliet, et plus particulièrement son viaduc. J'avais projeté de zoomer sur les hautes ramures des grands arbres qui atteignent le niveau du pont. Hé bien NIET ! Je n'ai rien trouvé d'intéressant à photographier. La végétation en cette saison est fade, et le soleil n'innondait pas la vallée à ce moment-là. J'ai juste découvert un nouveau point de vue sur le clocher de l'église de Beliet. Comme l'image était très banale, je l'ai transformée en croquis, puis j'en ai tiré le négatif et j'ai ajouté quelques degrés de jaune.
On a l'impression que j'ai pris la photo de nuit ... chose que je me garderai bien de faire dans la réalité, parce que justement, dans ce secteur a disparu une vieille dame il y a cinq ans ... et qu'aujourd'hui j'entame mon année climatérique la plus néfaste, celle de mes 63 ans !
"Mais qu'est-ce qu'elle raconte cette folle ? Qu'est-ce qu'elle va nous inventer maintenant ?"
Non non je vous rassure, je n'invente rien ! Les années climatériques correspondaient chez les anciens à une échelle dans le cycle de la vie, aux années critiques de l'évolution de l'être ... et il se trouve que le chiffre 63 est justement qualifié de "fossoyeur" par certains ! En effet, les croyances ancestrales veulent que la 63ème année serait la plus propice pour apporter le malheur, la maladie et la mort ! On se réfère encore à cette échelle climatérique de nos jours quand on parle par exemple de la 7ème année qui serait l'âge de raison pour les enfants. Alors vous comprendrez que je veuille éviter d'aller prendre des photos de nuit sur le viaduc pendant les 364 jours qui viennent !
Mais revenons à nos moutons : donc je passe et je repasse sur le pont sans faire de photos intéressantes des végétaux. Et je reviens vers ma voiture garée non loin de là. Je m'installe au volant, je m'apprête à démarrer ... et je suis prise tout à coup d'une envie irrésistible de prendre des photos de ce qui m'entoure. Je baisse les vitres, et depuis mon siège je cherche à viser les fleurs d'ajoncs qui poussent à proximité. Évidemment, il n'y a rien de bien original dans ce sujet-là, et étant donné qu'en visant ma première fleur, je remarque un fond flou intéressant, hé bien je décide que les ajoncs seront juste un prétexte pour photographier des arrières-plans flous. Je repense à mon image spectrale d'il y a quelques jours dans la sauge, et j'ai l'idée de me connecter à mes ancêtres disparus en pensant très fort : "et si vous m'offriez un nouveau signe de votre présence ?"
Je me mets donc à zoomer sur les ajoncs en me contorsionnant sur mon siège pour tenter de décaler l'objectif et faire en sorte que les fleurs se détachent sur des fonds significatifs. Mais à part des tâches de lumière et des zones sombres, je ne distingue aucun spectre !
En visionnant mes photos sur mon ordinateur il y a quelques heures, je reste scotchée sur la première image de la série ... sur laquelle je vois une grande oreille bien dessinée tout à gauche. Bingo ... ne dirait-on pas qu'un fantôme semble me dire "je suis tout ouïe ma cocotte" !
Et moi je me dis que je devrais m'obliger à mettre une "photo spectrale" dans chacun de mes futurs articles, histoire d'y ajouter davantage de folie ! Houps ... mon année climatérique démarre sur des chapeaux de roues, vous croyez pas ?
Et en vous souhaitant un bon printemps, je terminerai par cette petite signature ...